HISTOIRE DE L’HYPNOSE

HISTOIRE DE L’HYPNOSE

L’histoire fascinante de l’hypnose

Cet article est un court résumé de l’histoire de l’hypnose et ne reprend que les éléments les plus importants.
L’hypnose, cet état modifié de conscience, qui intrigue et fascine, possède une histoire riche et complexe qui remonte à des temps anciens. Son parcours à travers les âges révèle une évolution constante des pratiques et des théories qui l’entourent.

LES ORIGINES MYSTIQUES

Les origines de l’hypnose peuvent être tracées très loin…

L’hypnose puise ses racines dans les pratiques chamaniques et spirituelles des civilisations anciennes. Les prêtres égyptiens utilisaient des techniques similaires pour induire des états de transe chez leurs fidèles. Le contexte était souvent lié aux rituels ou au cadre médical. Imhotep a eu une influence sur l’hypnose, il y a plus de 4000 ans. Les temples de guérison (ou temples des rêves ) sont considérés par certains comme les premières institutions de l’antiquité à l’utiliser. Ces pratiques, bien que mystiques, visaient souvent à apaiser les souffrances ou à communiquer avec des entités spirituelles.

En Grèce, des temples du sommeil, appelés Asclepieions, étaient dédiés à Asclépios, le dieu de la médecine. Les patients y entraient dans un état de transe pour recevoir des visions curatives.

En Inde, les textes védiques évoquent des états de conscience modifiés atteints par la méditation et la récitation de mantras. En Chine, les traditions taoïstes décrivent des exercices de respiration et de visualisation visant à harmoniser l’énergie intérieure et accéder à des états de transe.

l'histoire de l'hypnose débute il y a très longtemps
Stèle de guérison du sanctuaire d’Asclépios à Epidaure – Grèce

LE MOYEN ÂGE ET LA RENAISSANCE

Pendant le Moyen Âge, les pratiques hypnotiques ont été largement associées à la sorcellerie et à la magie. Elles ont très souvent été réprimées par l’Église. Cependant, à la Renaissance, l’intérêt pour les phénomènes psychologiques a ressurgi. Paracelse, un médecin suisse, a exploré l’utilisation de la suggestion pour la guérison, posant les bases de l’hypnose moderne.

LE SIECLE DES LUMIERES ET L’ÉMERGENCE DE MESMER

Au XVIIIe siècle, Franz Anton Mesmer (1734-1815), un médecin autrichien, pose les bases de ce qu’il appelle le « magnétisme animal ». Selon Mesmer, un fluide invisible traverse tous les êtres vivants. Les déséquilibres de ce fluide seraient à l’origine des maladies. Mesmer utilisait des aimants et des gestes pour rééquilibrer ce fluide, souvent en groupe. Cela donnait un cadre de spectacles aussi fascinants que controversés.

Ses fameux « baquets » étaient de grandes cuves remplies d’eau magnétisée entourées de barres métalliques. Ils étaient des dispositifs où les patients se tenaient pour se soigner ensemble. Bien que ses théories soient aujourd’hui discréditées, elles ont permis d’attirer l’attention sur l’idée que l’esprit pouvait influencer le corps. Il est l’un des précurseurs de l’hypnose.

Baquet de Mesmer

Elève de Mesmer, Le Marquis de Puységur (1751-1825) (ou Amand Marie Jacques de Chastenet, marquis de Puységur) apporte la preuve que les crises convulsives ne sont pas obligatoires, ni nécessaires, pour être en hypnose. Lors d’une séance (de type Mesmer), ne se déroulant pas comme prévu, un sujet a montré des signes de somnambulisme. Le Marquis de Puységur y décrit un état profondément endormi mais pleinement conscient, état qu’il reproduira ensuite. Il démontre surtout que ce qui est important, c’est le contact verbal entre le magnétiseur et le magnétisé. Si Mesmer est considéré comme l’initiateur du magnétisme, le Marquis de Puységur en est le fondateur.

En 1813, José Custódio de Faria, dit l’Abbé de Faria (1756-1819), est initié à la pratique du magnétisme animal par le Marquis de Puységur. Faria dépasse rapidement son mentor, et enrichit ses méthodes, qu’il étend à la race humaine. Peu avant sa mort, il publie «  »De la cause du sommeil lucide« . Son cabinet, où il pratique l’hypnose, est un véritable succès.

En Angleterre, le mesmérisme se développe au sein du milieu médical, mais aussi du grand public. C’est notamment grâce au docteur John Elliotson (1791-1868). Ce professeur en chirurgie pratique des opérations sous hypnose. En 1849, il fonde un hôpital destiné à la pratique du magnétisme animal.

L’AVENEMENT DU TERME « HYPNOSE »

Au XIXe siècle, James Braid (1795-1860), médecin britannique, observe les effets de ce que l’on appelait à l’époque le « magnétisme ». C’est après avoir assisté à une démonstration de Lafontaine en 1841 qu’il commence à s’intéresser au magnétisme animal. Il renommera plus tard ce terme HYPNOSE. Intrigué, il expérimente et découvre que l’état hypnotique peut être induit par la concentration sur un objet brillant ou en écoutant une voix douce et répétitive. Il abandonne les théories fluidiques de Mesmer et popularise le terme « hypnose », dérivé du grec « hypnos », signifiant sommeil. Toutefois, il précise rapidement que l’hypnose n’est pas un état de sommeil, mais une concentration intense. Braid pose ainsi les bases scientifiques de l’hypnose moderne. Il insiste sur l’importance de la suggestion et de la volonté du patient.

Charcot et ses formations cliniques à La Salpétrière

En 1846, une invention vient perturber l’essor de l’hypnose: le chloroforme. Dès lors, l’hypnose perd ses lettres de noblesse et se rarifie, tombant presque dans l’oubli.

Mais un médecin de campagne, Anbroise-Auguste Liébeault (1823-1904), influencé par les écrits du magnétiseur Charles Lafontaine, s’intéresse à l’hypnose. Il l’utilise pour endormir les jeunes femmes dans le cadre médical. Mais l’hypnose est dans une période de discrédit. Il s’installe à Nancy en 1864, où, remotivé par la lecture d’Eugène Azam et Alfred Velpeau, qui ont introduit les théories de James Braid en France, il travaille et publie sur l’hypnose. Mais cette dernière étant discréditée par l’académie, son travail n’est pas reconnu. Mais en 1882, le Professeur Hippolyte Bernheim assite aux travaux du Dr Liébeault et commence à introduire ses notions dans son service d’hôpital universitaire. En 1883, Bernheim effectue des expériences sur les suggestions criminelles avec le juriste Jules Liégeois et le médecin physiologiste Henri Beaunis.

Bernheim, Liébeault, Liégois et Beaunis créent l’ÉCOLE DE NANCY, dite « l’école de la suggestion » en opposition à l’Ecole de la Salpétrière fondée par Charcot. L’Ecole de Nancy est le symbole de l’âge d’or de l’hypnose, allant de 1882 à 1892.

La renommée de l’Ecole De Nancy devient internationale. Liébault et Bernheim reçoivent de nombreuses visites, dont Emile Coué en 1885 et Sigmund Freud en 1885, qui donneront un regain d’intérêt à l’hypnose.

HYPNOSE ET PSYCHANALYSE

Jean-Martin Charcot (1825-1893) a popularisé l’hypnose (1878) dans le milieu scientifique. Il s’en sert pour mieux comprendre les paralysies hystériques et les différencier de celles dues à des lésions organiques.

Au début du XXe siècle, Sigmund Freud (1856-1939) explore l’hypnose comme outil thérapeutique, notamment pour accéder à l’inconscient de ses patients. Cependant, il trouve cette méthode limitée car tous les individus ne sont pas réceptifs à l’hypnose. Freud finit par privilégier l’association libre et le travail sur les rêves, posant ainsi les bases de la psychanalyse.

Dans la première moitié du 20ème siècle, l’hypnose a connu un déclin en popularité, en partie à cause de l’ascension de la psychanalyse et de la psychologie comportementale. Cependant, elle a connu un renouveau dans les années 1950, lorsque des praticiens comme Milton H. Erickson (1901-1980) ont redéfini et raffiné les techniques d’hypnose, soulignant son potentiel en tant que modalité thérapeutique flexible et puissante.

l'histoire de l'hypnose est marquée au 20e siècle par Milton H. Erickson, qui modernise l'hypnose, qui va créer un mouvement qui portera son nom
Milton H. Erickson (1901-1980), fondateur de l’hypnose ericksonienne

Aujourd’hui, l’hypnose est reconnue dans de nombreux domaines, y compris la médecine, la psychologie et le développement personnel. Elle est utilisée pour réduire le stress, améliorer le sommeil, faciliter le deuil, certains traumatismes, améliorer des performances sportives, etc. Elle traite la douleur chronique, et est de plus en plus souvent utilisée pour accompagner des interventions chirurgicales, où l’hypnose permet une forte diminution de la dose anesthésiante, facilitant la partie post opératoire.

Aujourd’hui, des formations certifiées permettent aux professionnels de santé d’intégrer l’hypnose dans leur pratique.

L’hypnose ne fait pas quelque chose pour vous, elle libère ce que vous avez déjà en vous. – Milton Erickson

L’histoire de l’hypnose est un témoignage de la curiosité humaine et de la quête incessante pour comprendre et améliorer l’esprit et le corps. Elle continue d’évoluer, de s’adapter et de se réinventer, prouvant sa résilience et son importance dans le domaine de la santé mentale et physique.

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